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Traitement du cancer et risque chimique

La chimiothérapie est une méthode de traitement chimique des tumeurs malignes. Des cocktails de produits sont administrés au patient pour traiter la tumeur et ses métastases de manière ciblée.

Les solutions injectées contiennent de nombreuses molécules chimiques qui agissent sur nos cellules. Les effets secondaires à l’utilisation de ces molécules peuvent également être importants.

Les patients et, dans une moindre mesure, le personnel soignant sont donc confrontés à un risque d’exposition à ces produits. Les principales sources de contamination sont cutanées et respiratoires et, à un moindre degré, digestives.

Que contiennent ces chimiothérapies?

Des produits cytotoxiques sont utilisés en milieu hospitalier pour le traitement chimio thérapeutique des cancers. Certaines chimiothérapies peuvent être réalisées à domicile. Les chimiothérapies se présentent le plus souvent sous forme injectable. Ces produits chimiques peuvent être cytotoxiques (toxiques pour les cellules) ou cytostatiques.

L’appellation « produits cytostatiques » regroupe un grand nombre de produits chimiques très variés utilisés en chimiothérapie. Les produits cytostatiques ont une propriété commune : celle d’empêcher la prolifération cellulaire. C’est cette propriété qui les rend utiles dans les chimiothérapies contre différents cancers. La prolifération cellulaire est caractéristique des tissus tumoraux. C’est pour cela que les molécules cytostatiques pourront avoir un impact sur l’environnement et les personnes qui les manipulent.

Les produits cytostatiques peuvent prendre des formes très différentes allant de petites molécules dans les thérapies classiques non-ciblées à des anticorps dans le cadre d’une stratégie thérapeutique ciblée.

Du fait du grand nombre des molécules cytostatiques, ces dernières présentent des propriétés chimiques de nature très différente (sites électrophiles, sites acides, sites basiques, fonctions alcools, amines…) et sont cytotoxiques. Un produit cytostatique peut donc être corrosif ou irritant.

Une grande partie des cytostatiques sont des molécules classées cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction (CMR).

Lors d’une chimiothérapie, un mélange de plusieurs cytostatiques est utilisé. Les effets sur la santé pourront donc être les effets combinés des différents produits de la solution utilisée.

Quels sont les cytostatiques couramment utilisés et leurs impacts sur la santé ?

On peut illustrer la grande diversité des molécules cytostatiques en s’intéressant aux nombreuses cibles qu’elles peuvent avoir dans la cellule cancéreuse.

En général, les molécules cytostatiques non ciblées agissent :

  • soit sur l’ADN (et/ou l’ARN) par modification de sa structure et de sa synthèse (agents alkylants, sels de platine, 5-fluorouracile, gemcitabine, antimétabolites analogues aux bases de l’ADN) ou par inhibition des topo-isomérases (anthracyclines etoposide camptothécines)
  • soit sur le fuseau mitotique par inhibition de la polymérisation (vinca-alcaloïdes) ou de la dépolymérisation (taxanes) pour inhiber la réplication cellulaire.
    Parmi les molécules cytostatiques de thérapies ciblées, on trouve des inhibiteurs spécifiques de certaines protéines (STI 571, cetuximab) et les inhibiteurs d’angiogénèse.

Quel est l’impact de l’exposition aux produits cytostatiques pour les professionnels de santé ?

L’exposition des professionnels de santé aux produits cytotoxiques peut avoir lieu à différentes étapes de la manipulation : lors de la préparation et de la reconstitution des chimiothérapies ou de leur administration au patient notamment.

De nombreuses études sur l’exposition des professionnels de santé à des molécules cytotoxiques ont été réalisées depuis la fin des années 70. D’après une enquête réalisée par l’INRS en 2002-2003 , 8.2% des personnels soignants, soit 49000 personnes seraient exposées à ces produits en France.

L’institut national pour la sécurité et la santé au travail américain (NIOSH) a émis une alerte sur les risques présentés par les produits cytostatiques. A partir des études réalisées sur le sujet, le NIOSH édite des conseils sur la conduite à tenir pour manipuler des produits cytostatiques en toute sécurité. Au niveau européen, l’OSHA prend également ce sujet en compte pour la prévention des risques en milieu professionnel.

Une étude réalisée par l’INRS a montré que le personnel soignant qui manipule les produits cytostatiques ou est au contact des patients est exposé. De nombreux tests existent pour détecter la présence de cytostatiques dans le corps humain. Dans cette étude, les urines du personnel soignant sont analysées. Des métabolites sont retrouvés dans les urines des professionnels de santé concernés. L’étude met également en évidence le fait qu’une femme qui manipule des produits cytostatiques aura plus de risques de déclencher une interruption de grossesse spontanée et que le fœtus développe des malformations (les produits sont tératogènes). Des risques d’infertilité sont également possibles.

Les symptômes les plus fréquents relevés chez le personnel soignant sont un goût métallique dans la bouche et une sensation de main glacée ou de brulure cutanée.

Comme les conséquences individuelles d’une exposition chronique à des produits cytostatiques sont encore difficiles à évaluer, il est important de prendre des mesures de précaution et de protection collectives et individuelles pour protéger le personnel manipulant et prévenir le contact avec des agents CMR (cancérigènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction).

Quelles sont les mesures de protection mises en place ?

De nombreuses mesures de protection sont déjà mises en place dans la plupart des hôpitaux dans lesquels sont utilisés des produits cytostatiques.

Afin de protéger le personnel soignant, il faut tout d’abord mettre en place des environnements et protocoles adaptés pour la manipulation des produits cytostatiques afin de limiter la contamination de l’atmosphère et des surfaces et de permettre une manipulation en toute sécurité.

La manipulation dans des laboratoires dédiés, équipés de sorbonnes (hottes aspirantes) ou de boites à gants pour manipulation en atmosphère inerte et confinée est recommandée. La préparation centralisée des chimiothérapies dans de tels laboratoires permet également d’éviter la dispersion des produits cytostatiques dans l’ensemble de l’hôpital.

En plus des protections collectives, les protections individuelles sont primordiales.

L’équipement des professionnels de santé qui manipulent les produits cytostatiques doivent être adaptés et comporter, entre autres (d’après les recommandations de l’INRS):

  • surblouses
  • gants en nitrile à manchette longue de préférence
  • masques FFP2S
  • lunettes de protection ou écrans faciaux
  • coiffes

Du matériel de sécurité est également nécessaire :

  • seringues à 3 corps de pompe
  • prises d’air avec filtres hydrophobes
  • des poubelles dédiées aux produits souillés

Ces mesures permettent de limiter au maximum le contact avec les produits cytostatiques CMR.

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