Nous sommes des scientifiques pour rendre la technologie utile à nos clients et réduire un accident en incident

Nous sommes des scientifiques pour rendre la technologie utile à nos clients et réduire un accident en incident

baseline-home / Portail du risque chimique / Normes & Législation / Les cancérogènes : différentes classifications

Les cancérogènes : différentes classifications

Trois grandes listes reconnues internationalement concernant les cancérogènes existent : celles du CIRC, de l’ACGIH et de l’Union européenne (CLP). Il peut donc être difficile de s’y retrouver lorsqu’on est novice !

Surtout qu’il existe des disparités quant à leur classement ainsi qu’à la liste des produits concernés. Les différentes classifications et leurs définitions sont regroupés ci-dessous, afin d’éclairer un peu plus sur ces différences.

Classification du CIRC

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC ou IARC en anglais) distingue quatre groupes de composés ou facteurs physiques sur la base des données scientifiques existantes pour permettre d’évaluer leur potentiel cancérogène.

  • GROUPE 1 : l’agent peut être un mélange cancérogène pour l’homme (cancérogène avéré ou cancérogène certain). Les circonstances d’exposition donnent lieu à des expositions qui sont cancérogènes pour l’homme. Cette catégorie n’est utilisée que lorsqu’on dispose d’indications suffisantes de cancérogénicité pour l’homme. A août 2012, 108 agents sont classés dans le groupe 1 du CIRC. Ce groupe est divisé en sous-groupes : agents et groupes d’agents, mélanges complexes, expositions professionnelles et autres.
  • GROUPE 2A : les agents cités sont probablement cancérogènes pour l’homme. Le classement d’un agent dans cette catégorie est préconisé s’il n’existe pas de preuve formelle de cancérogénicité chez l’homme, mais des indices concordants de sa cancérogénicité pour l’homme et des preuves suffisantes de cancérogénicité expérimentale chez les animaux de laboratoire. A août 2012, 64 agents et groupe d’agents sont inscrits sur cette liste.
  • GROUPE 2B : 272 agents sont inscrits sur cette liste d’agents probablement cancérogènes pour l’homme. On dispose d’indications limitées chez l’homme et d’indications chez l’animal, ou d’indications insuffisantes chez l’homme mais suffisantes chez l’animal (cancérogènes possibles).
  • GROUPE 3 : 508 agents ont été inscrits sur cette liste et ne peuvent être classés quant à leur cancérogénicité pour l’homme (indications insuffisantes chez l’homme et insuffisantes ou limitées chez l’animal).
  • GROUPE 4 : pour indiquer les agents qui ne sont probablement pas cancérogènes (indications suggérant une absence de cancérogénicité chez l’homme et chez l’animal de laboratoire). Un seul agent est ainsi classé : le caprolactame.

Classification de l’ACGIH

L’American Conference of Governmental Industrial Hygienists (ACGIH) distingue cinq catégories de produits chimiques ou agents cancérogènes.

  • GROUPE A1 : agents cancérogènes confirmés pour l’homme (groupe 1 du CIRC et catégorie 1A de l’union européenne).
  • GROUPE A2 : agents cancérogènes présumés chez l’homme (groupe 2A du CIRC et catégorie 1B de l’union européenne).
  • GROUPE A3 : agents cancérogènes confirmés pour les animaux avec pertinence inconnue vis-à-vis des humains (groupe 2B du CIRC et catégorie 2 de l’union européenne).
  • GROUPE A4 : regroupe les agents non classables comme agent cancérogène pour l’homme (groupe 3 du CIRC).
  • GROUPE A5 : regroupe les agents présumés non cancérogène pour l’homme (groupe 4 du CIRC).

Classification de l’Union Européenne (CLP)

  • Catégorie 1A : réunit les substances dont le potentiel cancérogène pour l’être humain est avéré ; la classification dans cette catégorie s’appuie largement sur des données humaines.
  • Catégorie 1B : réunit des substances dont le potentiel cancérogène pour l’être humain est supposé, la classification dans cette catégorie s’appuyant largement sur des données animales.
    En résumé, la classification dans la catégorie 1A et 1B est fondée sur la force probante des données qui peuvent provenir d’études sur l’être humain avec un lien de causalité entre l’exposition humaine à une substance et l’apparition du cancer (catégorie 1A) et des études animales dont les résultats sont suffisamment probants pour démontrer le pouvoir cancérogène sur l’animal (cancérogène supposé pour l’être humain) (catégorie 1B).
  • Catégorie 2 : réunit les substances suspectées d’être cancérogènes pour l’homme. Cette classification repose sur des résultats provenant d’études humaines et/ou animales mais insuffisamment convaincants pour les classer dans la catégorie 1A ou 1B.

Les différences

On peut donc estimer que les produits classés dans le groupe 1 du CIRC, A1 de l’ACGIH et dans la catégorie 1A de l’UE sont des cancérogènes humains.

Mais il faut savoir qu’il existe des disparités importantes, si l’on compare les trois listes de produits cancérogènes entre elles. On ne peut détailler ici chacune de ces différences ; on se contentera de citer les produits les plus utilisés.

Si l’on prend comme référence la liste des cancérogènes humains du CIRC, on va essayer de voir les grandes différences et les similitudes qu’il existe avec celle de l’ACGIH et de l’union européenne.

Sont classés comme cancérogènes humains

  • l’amiante,
  • l’aminobiphényle,
  • l’arsenic et ses composés,
  • le benzène,
  • la benzidine,
  • le chloroéthylène,
  • le béryllium et ses composés,
  • le bis(chlorométhyl)éther et le chlorométhyléther (qualité technique),
  • le chrome VI et ses composés sauf le chromate de baryum qui est classé dans le groupe 1B de l’union européenne ,
  • le goudron de houille,
  • le méthylènebis(2-chloroaniline) (à noter qu’il est classé comme cancérogène probable A2 de l’ACGIH),
  • la naphtylamine.

Comme nous le constatons, il existe surtout de grandes différences entre les produits inscrits dans la liste de l’ACGIH et ceux du CIRC et de l’Union Européenne. Les listes de l’Union Européenne et du CIRC sont plus proches, mais il faut retenir que les produits classés dans le groupe 1 du CIRC peuvent être inscrits aussi bien dans les catégories 1A que 1B de CLP.

Quelques exemples de différences sont à retenir

De nombreux produits ne sont classés cancérogènes que par le CIRC

  • l’azathiopirine,
  • la chlornaphazine,
  • le myleran,
  • le chlorambucil,
  • la sémustine,
  • la ciclosporine,
  • les contraceptifs oraux,
  • la cyclophosphamide,
  • le diéthylsilbestrol,
  • l’étoposide en association au cisplastine et à la bléomycine,
  • l’ypérite,
  • les infections à hélicobacter pylori,
  • l’iode radioactif,
  • le melphalan,
  • le méthoxy-8-psoralène,
  • le MOPP,
  • les neutrons,
  • la n,n’-nitrosonornicotine,
  • l’oestrogénothérapie,
  • le phosphore 32 (sous forme de phosphate),
  • le plutonium 239 et 240,
  • les radioéléments émettant des particules alpha et beta,
  • le radium 224,226,228,222,
  • les rayons X et gamma,
  • le tamoxifène,
  • la TCDD,
  • le thiotépa,
  • le thorium 232
  • et de nombreux virus.

Nous ne citerons pas ici les listes des mélanges et des expositions professionnelles cancérogènes détaillés dans la liste du CIRC.

D’autres différences posent des questions

Produit cancérigène CIRC ACGIH CLP
Formaldéhyde Groupe 1 Groupe A2 Cat. 2
Arséniure de gallium Groupe 1 Groupe A3
Oxyde d’éthylène Groupe 1 Groupe A2 Cat. 1B
o-Toluidine Groupe 1 Groupe A3 Cat. 1B

Ces différences de classification peuvent sans doute s’expliquer par les limites des tests animaux et autres différences d’interprétation des données humaines et expérimentales mais doivent nous interroger.

Pour une plus grande sécurité, il est logique de considérer que la classification la plus restrictive doit être respectée mais cela exige une bonne connaissance des différentes listes.

Ces listes sont étudiées dans PROMETRA et répondent à la classification suivante

1001 : liste des produits cancérogènes ou suspectés selon le CIRC
1020 : liste des produits cancérogènes ou suspectés selon l’ACGIH
1030 : liste des produits cancérogènes ou suspectés selon l’union européenne
1 Classification, Labelling and Packaging of substances and mixtures, 1272/2008/CE

Danielle Henny, Médecin du travail

Partager